Comment m'occuper des sabots de mon cheval ?

Comment bien entretenir les sabots de son cheval ?

Le sabot constitue l’une des bases essentielles du bien-être et de la locomotion du cheval. Sa santé conditionne directement le confort de l’animal, sa performance et même sa longévité. Pourtant, le soin des pieds est parfois négligé ou mal adapté, alors qu'il mérite une attention régulière et soignée. Voici un tour d’horizon des bonnes pratiques et des solutions disponibles pour garantir des sabots sains tout au long de l’année.

Avant d’aborder les soins, il est indispensable de bien comprendre l’anatomie du pied du cheval. Le sabot est composé de différentes structures aux fonctions complémentaires. La sole constitue la surface plane sous le pied. La fourchette, structure triangulaire placée au centre, est particulièrement sensible et sujette aux pourritures si elle est mal entretenue. Autour, les quartiers, talons et mamelles forment les zones périphériques qu’il convient également de surveiller, car elles peuvent présenter des fissures ou des seimes lorsqu’elles sont fragilisées.

L’entretien quotidien repose d’abord sur un nettoyage minutieux. Le cure-pied est l’outil indispensable pour retirer les cailloux, la terre, les crottins et autres débris susceptibles de s’accumuler et de provoquer des blessures ou des infections. La brosse spécialisée permet d’enlever plus en profondeur la boue, la paille ou les copeaux qui peuvent également s’incruster. Pour éviter toute contamination croisée, il est recommandé de réserver un pinceau propre à chaque type de produit de soin.

Le goudron de Norvège

Parmi les soins les plus traditionnels, le goudron de Norvège reste une valeur sûre, notamment en période humide. Il permet d’assécher la sole et la fourchette, tout en jouant un rôle d’antiseptique naturel, grâce à son origine végétale issue de la distillation du bois de pin. En prévention, il est conseillé de l’appliquer une à deux fois par semaine durant les saisons pluvieuses. 

C’est un produit traditionnel, utilisé en équitation depuis des siècles pour ses propriétés antiseptiques et fongicides. À ce jour, aucune étude scientifique sérieuse n'a démontré un caractère cancérigène avéré pour le goudron de Norvège utilisé en soin externe sur les sabots. En revanche, comme tout produit végétal contenant des phénols, il peut être irritant pour la peau, les muqueuses ou les voies respiratoires en cas de manipulation prolongée ou d’exposition massive. 

Le goudron de Norvège (ou goudron végétal de pin, de hêtre, etc.) est souvent confondu avec le goudron de houille (issu de la distillation de charbon). La distinction est essentielle. Issu du charbon, il contient des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), classés comme cancérigènes (catégorie 1 selon le CIRC). Ce n'est pas ce produit qui est utilisé pour les sabots, mais il arrive que certains fabricants mélangent des produits ou emploient le terme "goudron" sans préciser l'origine.

Les onguents / les graisses

La graisse et les onguents viennent ensuite compléter l’entretien en hydratant la corne et en préservant son élasticité. Ils assurent également une protection contre les variations d’humidité. On optera pour des onguents hydratants de teinte verte ou blonde pendant l’été et des graisses plus protectrices, souvent noires, lorsque les conditions climatiques deviennent plus humides. Ces préparations contiennent fréquemment des huiles végétales, de la cire d’abeille ou encore des huiles essentielles aux propriétés antifongiques et cicatrisantes.

Graisses et onguents pour chevaux : utiles ou pas ? La graisse et les onguents pour sabots sont des produits très populaires dans les écuries, mais leur efficacité dépend en réalité de plusieurs facteurs : le type de produit utilisé, la qualité initiale du sabot, les conditions environnementales et la régularité des soins. La corne du sabot est une matière vivante, riche en kératine, qui doit conserver un bon équilibre hydrique pour rester souple et résistante. Les graisses et onguents servent principalement à réguler cet équilibre : en période sèche (été, box sur copeaux, paddocks secs), ils aident à prévenir le dessèchement et à conserver l’élasticité de la corne et en période humide, certaines graisses (les noires notamment) servent à limiter les pénétrations d’eau excessive qui fragilisent la corne et favorisent les pourritures. 

Pas de produit miracle si la corne est déjà de mauvaise qualité (fragile, cassante, fendillée), les graisses seules n’y changeront pas grand-chose. Dans ce cas, il faut agir sur : l’alimentation (apports en biotine, zinc, méthionine, etc.), l’environnement (paddocks boueux, box humides, stabulation mal entretenue) et l’équilibre orthopédique (travail du maréchal-ferrant). Mais attention : ils ne pénètrent pas profondément dans la corne. Leur action reste essentiellement en surface, un peu comme une crème hydratante sur la peau humaine. Tous les onguents ne se valent pas. Les meilleures compositions contiennent : des huiles végétales naturelles (laurier, ricin, lin…), des cires (abeille) pour la protection et parfois des huiles essentielles antifongiques ou cicatrisantes. En revanche, certains produits d’entrée de gamme sont très chargés en pétrole, vaseline ou solvants, avec un effet plutôt cosmétique qu’utile.

Les huiles

Les huiles végétales ont également une place importante dans l’entretien du sabot. L’huile de cade est obtenue par distillation du bois de genévrier cade. C’est un produit 100% naturel, très utilisé dans le soin des sabots de chevaux, notamment en prévention et traitement des problèmes d’humidité. Ses principales propriétés sont : antibactérienne et antifongique, elle lutte efficacement contre les pourritures de fourchettes, les soles ramollies et les débuts d’infections, asséchante et désinfectante : elle aide à stopper l’humidité excessive dans le pied, tout en nettoyant les tissus atteints et déodorante : elle neutralise les mauvaises odeurs souvent associées aux fourchettes pourries. L’huile de cade s’applique généralement après un bon curage, sur un sabot propre et sec, 1 à 2 fois par semaine en entretien ou plus fréquemment en cas de problème déclaré. Elle est particulièrement précieuse en hiver ou en périodes humides, lorsque les fourchettes sont fragilisées. Précaution d’usage : à manipuler avec des gants si possible, car elle peut être irritante pour la peau humaine à forte dose.

L’huile de laurier est reconnue pour stimuler la pousse et favoriser la circulation sanguine. L’huile de ricin et l’huile de lin sont particulièrement nourrissantes et protègent efficacement contre le dessèchement.

On les retrouve rarement en usage unique seul, elles sont souvent combinés dans des produits : L’huile d’olive nourrit et régénère la corne abîmée, tandis que l’huile d’avocat, plus rare en usage équin, améliore la souplesse du sabot. L’huile d’argan, quant à elle, apporte de la brillance tout en étant légèrement antibactérienne, et l’huile de coco hydrate et protège tout en restant peu grasse. Certaines de ces huiles, notamment l’huile de lin et l’huile de coco, peuvent également être administrées sous forme de complément alimentaire pour renforcer le sabot de l’intérieur.

Les sprays

Les solutions modernes comme les sprays permettent une application rapide, hygiénique et ciblée. Ils sont particulièrement adaptés lorsque le cheval est en collectivité ou lorsque certaines zones du sabot sont sensibles ou douloureuses. On trouve aujourd’hui une large gamme de sprays aux actions variées : antibactériens, antifongiques, asséchants, hydratants ou encore protecteurs.

Les innovations 

Par ailleurs, de nombreuses innovations permettent de traiter les cavités et les lésions profondes du sabot. Des préparations naturelles à base d’argile et de fibres de coton, comme celles proposées par Cura Naturale ou Nutragile, désinfectent et comblent les cavités tout en favorisant la cicatrisation. Le Hoof-Stuff de Red Horse Product offre un mastic fibreux qui élimine les germes et reste bien en place pour favoriser la repousse naturelle de la corne.

Les compléments alimentaires / Les cures

Enfin, le soin des sabots s’envisage aussi sur le long terme grâce aux compléments alimentaires. Pour renforcer la qualité de la corne, de nombreuses solutions existent. La biotine stimule la pousse et améliore la qualité de la corne et des crins. Le MSM, source naturelle de soufre, participe à la production de kératine, tout comme la méthionine qui agit en synergie avec la biotine. Le zinc et le cuivre contribuent à la régénération des tissus et à la résistance de la corne. La levure de bière, riche en vitamines B, soutient la flore intestinale et favorise la pousse. Les oméga-3 et oméga-6 contribuent à l’hydratation et à la souplesse, tandis que la silice issue de la prêle ou de l’ortie agit sur les tissus conjonctifs. Ces cures, d’une durée de 60 à 90 jours, peuvent être administrées en poudre, en granulés ou sous forme de bonbons.

Conclusion

Un bon nettoyage régulier des sabots et du matériel est primordial. Il convient d’adapter les soins en fonction de la saison et de l’état du pied, de respecter les dosages et de toujours solliciter les conseils avisés du maréchal-ferrant et du vétérinaire en cas de doute. Car un cheval en pleine santé est avant tout un cheval parfaitement à l’aise dans ses sabots.