La photosensibilisation : c'est quoi ?

La photosensibilisation n’est donc pas une pathologie à prendre à la légère. Elle peut occasionner de fortes douleurs et altérer durablement la qualité de vie du cheval si elle n’est pas traitée à temps ! On t'explique tout !

QUESTIONS PAS BÊTES

Anaïs Deshayes

6/24/20254 min temps de lecture

La photosensibilisation chez le cheval : une affection cutanée à surveiller de près

Lorsque les beaux jours reviennent et que les chevaux profitent pleinement des pâturages, certaines pathologies cutanées se manifestent plus fréquemment. Parmi elles, la photosensibilisation demeure relativement peu connue, bien qu’elle soit potentiellement grave si elle n’est pas rapidement identifiée et prise en charge.

Il s’agit d’une réaction cutanée douloureuse déclenchée par l’exposition aux rayons du soleil, et plus particulièrement aux ultraviolets, en présence de certaines substances dans l’organisme du cheval. Cette réaction ne doit pas être confondue avec un simple coup de soleil, car son origine et ses mécanismes sont bien plus complexes. Comprendre les causes de la photosensibilisation, les symptômes qui doivent alerter, et les moyens efficaces pour prévenir cette affection est essentiel pour garantir le bien-être des équidés.

La définition

La photosensibilisation est une affection dermatologique provoquée par une réaction anormale de la peau à la lumière solaire. Elle se déclenche lorsque des substances dites photosensibilisantes circulent dans l’organisme. Ces molécules peuvent provenir de l’extérieur, par ingestion de certaines plantes ou par contact avec des produits chimiques, ou être produites à l’intérieur de l’organisme en cas de dysfonctionnement hépatique.

On distingue deux grandes formes de photosensibilisation chez le cheval : la forme primaire et la forme secondaire, aussi appelée hépatogène. La première survient lorsque le cheval absorbe ou entre en contact avec des substances photosensibilisantes présentes dans l’environnement. La seconde est liée à une maladie du foie qui empêche l’élimination normale de la phylloérythrine, un pigment issu de la digestion de la chlorophylle. Ce pigment s’accumule alors dans le sang et déclenche une réaction douloureuse lorsqu’il est exposé à la lumière.

Les manifestations cliniques de la photosensibilisation sont visibles sur les zones de peau les plus sensibles, généralement peu pigmentées ou peu couvertes de poils. Le bout du nez, les lèvres, les paupières, les oreilles, ainsi que les membres blancs sont souvent les premières parties touchées. La peau peut devenir rouge, enflée, chaude et douloureuse au toucher. Des démangeaisons peuvent apparaître, poussant le cheval à se frotter avec insistance, ce qui aggrave encore les lésions. Dans les cas les plus sévères, des cloques, des croûtes épaisses, voire des zones de nécrose peuvent se développer. Lorsqu’une atteinte hépatique est en cause, ces signes cutanés peuvent être accompagnés d’autres symptômes généraux tels que la fatigue, une perte d’appétit, un amaigrissement progressif ou encore un jaunissement des muqueuses.

Une infection due aux plantes

Parmi les principales causes de la forme primaire de la maladie, certaines plantes couramment présentes dans les prairies sont particulièrement dangereuses. Le millepertuis est bien connu pour son effet photosensibilisant, tout comme la berce du Caucase, le panais sauvage ou encore le sarrasin. Ces plantes contiennent des substances qui réagissent à la lumière une fois assimilées par l’organisme du cheval. Le trèfle blanc, s’il est moisi ou consommé en grande quantité, peut également jouer un rôle. Il est donc impératif de surveiller attentivement la composition botanique des pâtures. Un pâturage infesté par ces plantes devrait être évité, et il est recommandé de procéder à une fauche régulière pour limiter leur développement. En cas de doute, un nettoyage complet du champ et une rotation des zones de pâture peuvent s’avérer nécessaires.

La prévention

La prévention de la photosensibilisation repose en grande partie sur la limitation de l’exposition solaire, surtout chez les chevaux à la peau claire ou présentant déjà des signes de sensibilité. Il est préférable de rentrer les chevaux dans un abri ou un box durant les heures les plus chaudes de la journée, en particulier entre 11 heures et 17 heures.

Les innovations en terme de soin : 

Lorsqu’ils restent à l’extérieur, il peut être utile d’utiliser des équipements de protection tels que des masques anti-UV couvrant le museau et les yeux, ainsi que des chemises spécifiques en tissu filtrant les ultraviolets. Il existe également des guêtres qui assurent une protection contre les rayons anti-UV. Les zones sensibles peuvent également être protégées par l’application de crème solaire. Il est recommandé de choisir des crèmes adaptées aux chevaux ou, à défaut, une crème humaine indice 50, hypoallergénique, sans alcool ni oxybenzone, qui pourrait irriter la peau. L’application doit être renouvelée régulièrement, en particulier après un frottement ou une transpiration importante. En parallèle, il convient d’assurer un accès constant à de l’ombre, que ce soit par des abris naturels, comme des arbres, ou artificiels, tels que des filets d’ombrage.

Que faire en cas de signes apparents ?

Lorsqu’un cheval présente une photosensibilisation, une consultation vétérinaire s’impose. Le professionnel pourra déterminer l’origine du problème, évaluer l’état général de l’animal et proposer un traitement adapté. Celui-ci repose en général sur des anti-inflammatoires pour réduire l’inflammation, ainsi que des soins locaux à base de crèmes cicatrisantes, comme celles contenant du zinc ou du miel médical.

En cas de photosensibilisation secondaire, des analyses hépatiques peuvent être nécessaires pour évaluer la gravité de l’atteinte du foie. Un traitement de soutien, incluant des compléments drainants comme le chardon-marie ou le radis noir, pourra alors être mis en place. L’isolement temporaire en box, à l’abri de la lumière, est souvent nécessaire jusqu’à amélioration des symptômes.

La récupération peut durer plusieurs jours à plusieurs semaines, et certaines lésions profondes peuvent laisser des séquelles cutanées.

En résumé :

La photosensibilisation n’est donc pas une pathologie à prendre à la légère. Elle peut occasionner de fortes douleurs et altérer durablement la qualité de vie du cheval si elle n’est pas traitée à temps. Cette affection est d’autant plus insidieuse qu’elle peut être déclenchée par des éléments invisibles à l’œil nu, comme une toxine présente dans une plante ou un déséquilibre hépatique latent. La clé de la prévention réside dans l’observation attentive de l’environnement, dans la connaissance des plantes dangereuses, et dans une gestion rigoureuse de l’exposition solaire. Grâce à ces précautions, il est tout à fait possible de limiter les risques et de permettre à nos chevaux de profiter du plein air sans danger, même au cœur de l’été.

Pour ceux qui préfèrent les images,

( on a tout prévu )

Voici le résumé en image, et si tu veux plus de détail, je t'invite à lire l'article juste au dessus !